Difficile de parler de "belle manif" vu le deroulement. Il est clair que consignes avaient ete donnees de provoquer le maximum d'incidents en titillant les groupes an anarchisants venus chercher l'affrontement. Si les autorites avaient laisse se mettre en place le cortege annonce, les manifestation de 30000 personnes presentes sur place aurait donne une belle image de paix... Mais, comme c'etait previsible, ce ne fut pas le cas. Au contraire, des l'arrivee au rassemblement, on avait compris. Epaisses fumees emanant d'endroits indetermines, odeurs piquantes sur le trajet pour le rejoindre, etc... Avant meme le depart du defile, des grenades lacrymogenes etaient envoyees sur les manifestants pacifistes, les repoussant vers le point de depart, desorganisant celui-ci, qui mit plusieurs minutes a se former. Le depart en fut donc combatif, aux sons de l'Internationale, de la Varsovienne ou encore du Chiffon Rouge, mais l'ambiance fut de courte duree. Le trajet menant au parcours prevu etait en effet bloque par plusieurs rangees de barrieres en metal, qui mirent plusieurs minutes a ete degagees, laissant une voie libre mais etroire et fort dangereuse (des barres de fer horizontales etait vers 1m du sol, un quelconque mouvement de foule eut pu etre dramatique). A peine etions nous sortis de la souriciere qu'une plus sournoise se refermait sur nous: nous etions censes passer sous un pont etroit pour rejoindre le parcours, et c'est a ce moment precis que, sans raison apparante, trois camionnettes de flics ont decide de forcer le passage sur la route encombree. Manoeuvre de provocation qui a, bien evidemment, atteint sont but, aussitot des manifestants violents exasperes ont arrose les voitures de pierres, du haut du pont, et les manifestants par la meme occasion. Ordre a ete immediatement donne de faire sortir les camarades du guet-apens par un trottoir perpendiculaire, a environ 2m du sol. L'evacuation s'est deroulee dans la douleur, les forces de l'ordre repondant aux jets de pierres par l'envoi massifs de grenades lacrymogenes, tant qu'a faire sur les manifestants pacifistes, c'est tellement plus rigolo. Restant avec quelques camarades en premiere ligne le temps d'evacuer tout le monde, dont quelques un en etat de choc, tremblants et en larmes, et proteges pendant un court instant par la camionnette du mouvement de la paix (que je remercie au passage), nous avons pu sortir de la avec relativement peu de mal, si ce n'est quand meme deux blesses, dont une tete de liste par une pierre, heureusement sans gravite. Des la sortie, comme machinalement, l'Appel du Komintern fut repris par les militants, laissant echapper la rage retenue jusqu'ici. Ordre fut donne ensuite par l'AS national de se disperser, n'etant plus en mesure d'assurer la securite des militants, ordre majoritairement respecte, malgre les pulsions de hargne partagees ouvertement par une immense majorite des camarades present. Nous avons pu, apres une grosse heure de marche, contournant tout le centre de Strasbourg et obliges de ranger badges et drapeaux, rejoindre nos cars respectifs, rencontrant en chemin d'autres manifestants de retour eux aussi. Les autoroutes etant fermees tout autours de Strasbourg, je retour semble penible, mais le deplacement ne fut pas vain! Je ressors de cette journee plus convaincu que jamais de l'utilite et de la justesse de notre lutte, le capitalisme nous a encore une fois aujourd'hui montre sa vraie nature, oppression, privation de libertes, violence outranciere et mepris des aspirations de la majorite des citoyens. Nul doute que les reseaux de propagande, televisuels et autres, offiront un autre "point de vue" sur la journee, mais c'est ainsi. Pour conclure, je retiendrais une citation de Marie-George Buffet, presente lors de ces evennements: "Si les autorites avaient laisse la manifestation tranquillement se mettre en place, elle se serait bien deroulee et on aurait eu ce soir des images de paix. A la place, on aura des images de guerre"