(C) Global Voices This story was originally published by Global Voices and is unaltered. . . . . . . . . . . L'homme fort du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, s'accorde un chèque en blanc pour rester au pouvoir pour cinq ans voire plus [1] ['Jean Sovon'] Date: 2024-05-31 Au Burkina-Faso, les assises nationales organisées le 25 mai pour donner une nouvelle orientation politique au pays concluent sur une prolongation de la durée de la transition militaire sur cinq ans, annihilant ainsi tout espoir d'un retour du processus électoral. Depuis le dernier coup d’État, survenu le 30 septembre 2022 au Burkina Faso, un gouvernement de transition conduit par le capitaine Ibrahim Traoré dirige le pays. Une partie des Burkinabé espéraient que leur gouvernement rende le tablier le 2 juillet 2024, date de la fin de la transition, mais la tenue des élections devant mettre fin à la transition n'a jamais été une priorité pour Traoré. En septembre 2023, ce dernier affirme que sa priorité demeure la sécurité du pays, comme le relève le média TRT Afrika dans cet article : Les élections, ce n'est pas une priorité, ça je vous le dis clairement, c'est la sécurité qui est la priorité. Il n'y aura pas d'élection qui va se concentrer uniquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso (deux villes épargnées par les attaques terroristes fréquentes) et dans quelques villes autour, il faut que tous les Burkinabè choisissent leur président. La question de la sécurité au Burkina-Faso fait référence, au sens large, aux défis sécuritaire dans la zone sahélienne qui subit les assauts des groupes terroristes. Lire : Le Burkina Faso change de stratégie dans sa lutte contre les attaques djihadistes A la faveur des assises nationales du 25 mai 2024, le pays adopte une nouvelle charte de transition qui maintient Traoré au pouvoir jusqu'en 2029. Le colonel Moussa Diallo, président du comité d'organisation d'assises nationales indique : La durée de la transition est fixée à 60 mois à compter du 2 juillet 2024. Ibrahim Traoré, président à vie du Burkina Faso? Cette prolongation vient anéantir les intentions des hommes politiques qui ont largement boycotté cette grande rencontre nationale. Ces derniers ont été déjà contraints à une cessation de toutes activités des partis politiques sur l'ensemble du territoire national au lendemain du coup d’État du 30 septembre 2022. Maintenant, ils vont aussi faire face aux décisions contenus dans l'article 22 de la charte qui donne la possibilité à Traoré ainsi qu'à d'autres membres de la transition militaire d'être candidat aux élections dans l'avenir. Le colonel Moussa Diallo affirme à nouveau : Selon l'article 22 de la charte, des élections peuvent toutefois être organisées “avant cette échéance si la situation sécuritaire le permet”. Le capitaine Traoré, dont le statut passe de “président de transition” à “président du Faso”, pourra par ailleurs se présenter aux “élections présidentielles, législatives et municipales”, qui doivent être organisées à l'issue de cette période. Ladite charte prévoit aussi la création d'une nouvelle instance dénommé Korag chargée de définir et de contrôler la mise en œuvre de la vision stratégique du pays dans tous les domaines et par tous les moyens. L'annonce du maintien au pouvoir de Traoré est célébrée dans la joie par une partie de la population, comme en témoigne cette vidéo de Faso TV sur YouTube : Les réactions de soutien viennent aussi de pays voisins, comme le montre certains commentaires sous une autre vidéo YouTube de Faso TV : Certains estiment même, comme cet internaute de la République démocratique du Congo (RDC) au nom de Tshikamba Nawej Claudel sur le réseau X (ex-Twitter), que cette prolongation doit être au moins de dix ans pour donner la possibilité au président du Burkina Faso de reconstruire son pays: Burkina Faso 🇧🇫 : la transition militaire prolongée pour 5 ans . C’est trop peu ! Une très bonne nouvelle mais je suis un peu triste parce que Le capitaine Ibrahim Traoré a besoin d’au moins 10 ans pour remettre le Burkina Faso sur les rails, restaurer la paix , repousser le terrorisme au Sahel et servir de modèle pour la sous-région pic.twitter.com/WPqnbP8W93 — 🦋Tshikamba Nawej Claudel (CTN) 👑 (@lephoenix84) May 26, 2024 Cet enthousiasme s'explique en partie par la volonté manifeste de la population à ne plus faire confiance au système démocratique ni aux dirigeants élus démocratiquement. Ceci est aussi lié à la répétition des coups d’État dans le pays et au soutien de la population au régime militaire dès le début du coup d’État de septembre 2022. Une enquête d'Afrobarometer réalisée en mars 2024 confirme cette hypothèse. En effet, les résultats de l'enquête d'Afrobarometer montrent que la majorité des citoyens burkinabé sont favorable au régime militaire : Deux tiers des citoyens burkinabè soutiennent les gouvernements militaires (66%) et affirment qu'il est légitime que les forces armées prennent contrôle du pays dans le cas hypothétique où les leaders élus abusent de leur pouvoir pour leurs propres intérêts (66%). De plus, cette décision politique et géostratégique du Burkina-Faso fait écho aux politiques du Mali et du Niger pour lesquels la sécurisation du pays demeure une priorité. D'ailleurs, ces trois pays ont quitté la CEDEAO et forment aujourd'hui l’Alliance des États du Sahel (AES). Les volontaires défendant le pays font connaître leur mécontentement Cette nouvelle orientation politique au Burkina-Faso intervient à une période où les Volontaires de défense pour la patrie (VDP) menacent de déposer les armes. Ces VDP se sont engagés aux côtés du régime militaire pour soutenir la lutte contre le terrorisme et les attaques armées que subit le pays depuis 2015 , date du début de l’insurrection djihadiste. L'appui de ces Volontaires pour la défense de la patrie est essentiel pour le Burkina-Faso qui teste de nouvelles stratégies pour mettre fin a l'insécurité. Mais sur le terrain, le quotidien des VDP n'est pas reluisant car ils ne reçoivent pas assez de soutien de la part des forces armées dans leurs missions. Selon un article de France24, les volontaires, qui comprennent des jeunes comme des adultes, font face à de mauvaises conditions de travail. L'article de France24 indique que : (…) les VDP déplorent l'absence de tenues et d'équipements de protection. Ils se partagent un nombre limité d'armes automatiques individuelles (AK-47), dont la qualité n'est pas toujours bonne. Et alors que leur mission doit les amener à couvrir un territoire plus large, ils manquent de véhicules et de carburant. De plus, les VDP sont la cible principale des attaques jihadistes perpétrées par les groupe terroristes. Le désengagement et les plaintes des VDP pourraient à long terme constituer un coup dur pour Ibrahim Traoré qui compte beaucoup sur ces civils dans sa lutte contre le terrorisme. [END] --- [1] Url: https://fr.globalvoices.org/2024/05/31/287550/ Published and (C) by Global Voices Content appears here under this condition or license: https://globalvoices.org/about/global-voices-attribution-policy/. via Magical.Fish Gopher News Feeds: gopher://magical.fish/1/feeds/news/globalvoices/