(C) Global Voices This story was originally published by Global Voices and is unaltered. . . . . . . . . . . La canicule expose la vulnérabilité de l'Asie du Sud-Est aux changements climatiques [1] ['Sydney Allen'] Date: 2024-06-11 Les climatologues ont depuis longtemps décrié que l'Asie du Sud-Est serait particulièrement vulnérable aux catastrophes environnementales et aux phénomènes météorologiques extrêmes liés à la crise climatique, et 2024 démontre à quel point ils peuvent être mortels. Depuis un mois, l’Asie du Sud et du Sud-Est est en proie à une vague de chaleur sans précédent qui a fait de nombreux morts dans toute la région, a contraint des gouvernements à fermer les écoles et à donner l'ordre de travailler à domicile, et a entraîné une recrudescence des problèmes de santé. Bien que la chaleur cette année ait été aggravée par le phénomène météorologique El Niño, les chercheurs soulignent, dans une étude parue dans Nature Scientific Journal, que l'excès de chaleur et de précipitations en Asie du Sud-Est au cours des dernières années est « très éloigné » des normales climatiques. Un expert en climatologie historique a même qualifié la canicule du mois d'avril d’« événement le plus extrême de l'histoire climatique mondiale. » La carte suivante montre les températures extrêmes enregistrées en Asie durant la vague de chaleur qui a duré plusieurs semaines. Horrific heat wave all across Asia. Lethal conditions caused by oil, gas and coal. We have to choose: we can continue building new fossil fuel projects and watch as millions suffer and die. Or we can stop, actually begin a just transition, and build a safer world. pic.twitter.com/8NttL94F6c — Tzeporah Berman (@Tzeporah) May 3, 2024 Canicule effroyable dans toute l'Asie. Des conditions invivables créées par le pétrole, le gaz et le charbon. Nous devons choisir entre continuer à développer de nouveaux projets dans les énergies fossiles et regarder des millions de personnes souffrir et mourir, ou bien tout arrêter, entamer une transition énergétique juste et construire un monde plus sûr. pic.twitter.com/8NttL94F6c — Tzeporah Berman (@Tzeporah) 3 mai 2024 Alors que la carte ci-dessus indique que la plupart des pays de la région ont connu des températures réelles comprises entre 40 et 45 degrés °C dans les villes où les immeubles et les gratte-ciel surpeuplés piègent la chaleur, l'indice de chaleur (la température ressentie lorsque l'humidité est prise en compte) a atteint des niveaux encore plus élevés. À Bangkok, l'indice de chaleur a atteint 52 degrés contraignant le gouvernement à recommander à la population de rester chez elle pendant les heures d'ensoleillement maximal. Le Myanmar a été frappé de plein fouet par la chaleur, avec des températures supérieures à 45 degrés °C dans la majeure partie du pays, atteignant un niveau record de 48,2 degrés dans la ville de Chauk. Selon Radio Free Asia (RFA), 1 500 personnes seraient décédées d'une insolation au Myanmar, un chiffre compilé à partir de données hospitalières et funéraires. Le chiffre réel pourrait être plus élevé, l'instabilité politique et le conflit interne au Myanmar rendant ces données difficiles à vérifier. Pour ceux obligés de s'aventurer à l’extérieur lorsque le soleil est à son zénith, le danger peut survenir en quelques minutes. Un résident birman, qui a refusé d'être identifié pour des raisons de sécurité, a déclaré que son fils, Mann Moon Maung, 36 ans, avait succombé à une insolation moins de 15 minutes après en avoir présenté les symptômes. The death of my son happened very fast. I immediately called a car and took him to hospital. The doctor said my son has already died. He had no heartbeat and no blood pressure. La mort de mon fils est survenue très rapidement. J'ai tout de suite appelé un taxi et je l'ai emmené à l'hôpital. À l’arrivée, le médecin m'a dit que mon fils était déjà décédé. Il n'avait plus de battements de cœur ni de tension artérielle. Au Myanmar, près de 2 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile à la suite du coup d'État de février 2021, laissant des centaines de milliers de personnes sans abri et particulièrement vulnérables aux pressions environnementales. Bien que le gouvernement de la dirigeante Aung San Suu Kyi, (maintenant en détention) ait élaboré un plan d'action climat en 2018, depuis son éviction le pays est en proie à la guerre civile, laissant peu d'espoir d'une aide de l'État visant à atténuer l'aggravation des catastrophes climatiques. Ailleurs dans la région, les Philippines ont été contraintes de fermer les écoles en raison de la canicule, les températures atteignant 42 degrés Celsius dans certaines parties du pays. Et plus de la moitié des écoles de la région métropolitaine de Manille ont dû écourter la journée scolaire ou fermer complètement en raison du manque d'installations de climatisation. Le phénomène El Niño a également provoqué une sécheresse dans le pays, suscitant des craintes de pénuries d'eau et provoquant des perturbations majeures dans l'industrie agricole. La sécheresse est si extrême que les ruines d'une ville submergée il y a 50 ans par la construction d'un réservoir sont réapparues en raison de l'assèchement des réserves d'eau. La Thaïlande a enregistré 38 décès provoqués par des insolations, principalement des ouvriers qui travaillaient en extérieur, des personnes âgées et des personnes souffrant de comorbidités. La semaine a également été marquée par une consommation d'électricité record, les habitants restant chez eux et augmentant la climatisation pour se rafraîchir, mettant ainsi à rude épreuve l'infrastructure électrique du pays. Si de nos jours les climatiseurs sont nécessaires pour tolérer les vagues de chaleur meurtrières, le programme des Nations unies pour l'environnement, ainsi que d'autres climatologues, mettent en garde contre leur dépendance qui crée un cercle vicieux en augmentant les émissions de gaz (facteurs de la crise climatique), alors que le monde est confronté à des températures de plus en plus élevées. Le 6 mai dernier, la vague de chaleur en Thaïlande a été interrompue par des pluies torrentielles provoquant des inondations dans tout Bangkok. Most parts of Thailand (58 provinces) are experiencing downpour, a relief to the heatwave that has been ongoing for the past few weeks. Many parts of Chonburi and the motorway #7 were flooded, while predictions are that Bangkok would continue to see rain with the heaviest rain… pic.twitter.com/1Y9wh9ZegI — Thai Enquirer (@ThaiEnquirer) May 7, 2024 Des pluies diluviennes s’abattent sur la plupart des régions de la Thaïlande (58 provinces), un soulagement après la canicule qui sévit depuis quelques semaines. Une grande partie de Chonburi et de l'autoroute n°7 ont été inondées, tandis que les prévisions indiquent qu’il devrait continuer à pleuvoir à Bangkok avec de fortes précipitations… pic.twitter.com/1Y9wh9ZegI — Thai Enquirer (@ThaiEnquirer) 7 mai 2024 La canicule a fait au moins deux morts en Malaisie, dont un nourrisson de 19 mois. Plus de 30 personnes ont aussi signalé souffrir de graves problèmes de santé à cause de la chaleur. Pendant ce temps, le Cambodge a été contraint de fermer les écoles. Le 27 avril, une explosion de munitions dans un Centre de commandement militaire régional à Kampong Speu, au Cambodge, a blessé de nombreux soldats et civils causant la mort de 20 d’entre eux, a endommagé la base et détruit 25 maisons. Les autorités ont publié une déclaration le 2 mai indiquant que « l’'explosion de munitions le 27 avril 2024 … était dû à un problème technique provoqué par la vétusté et la défectuosité des armes, et par la canicule. » La vague de chaleur a également eu un impact économique négatif dans toute la région. Les travailleurs informels, tels que les marchands ambulants de nourriture et les colporteurs, n'ont pas pu sortir pendant la canicule entrainant une baisse considérable de leur clientèle. Au Viêt Nam, des millions de poissons sont morts dans un réservoir dont le niveau des eaux était devenu beaucoup trop faible à cause de la hausse des températures, une situation qui pourrait avoir des répercussions à long terme sur la sécurité alimentaire dans les villes voisines. Dans un rapport publié en 2023, le Groupe d'experts intergouvernemental sur les changements climatiques souligne que si la crise climatique se poursuit sans relâche, l'Asie du Sud-Est connaîtra des perturbations économiques importantes et à long terme. D'autres catastrophes sont à prévoir Dans un autre rapport, l’ Organisation météorologique mondiale (OMM) qualifie l'Asie de « région la plus exposée aux catastrophes » et met en grade contre les risques liés au climat qui ne feront qu'empirer. Asia remained the world’s most disaster-hit region from weather, climate and water-related hazards in 2023. Floods and storms caused the highest number of reported casualties and economic losses, whilst the impact of heatwaves became more severe. En 2023, l'Asie reste la région du monde la plus touchée par les catastrophes liées aux phénomènes d’ordre météorologique, au climat et à l'eau. Les inondations et les tempêtes ont provoqué le plus grand nombre de victimes et de pertes économiques, tandis que l'impact des vagues de chaleur s'est aggravé. L'OMM note que si les catastrophes liées à l'eau, telles que les ouragans, les crues soudaines et les moussons imprévisibles, constituent la principale menace pour l'Asie du Sud-Est, la chaleur devient de plus en plus préoccupante chaque année alors que les records de température paralysent les villes et mettent à rude épreuve les infrastructures. Un rapport publié l'année dernière par la Veille météorologique mondiale, un consortium international de scientifiques chargé d'étudier l'impact des changements climatiques sur les conditions météorologiques, a révélé que les vagues de chaleur et les pluies extrêmes qui ont frappé l'Asie du Sud-Est ces dernières années sont en grande partie dues au réchauffement climatique et peuvent être attribuées à des pressions anthropiques. Bien que de nombreux climatologues et principales parties intéressées reconnaissent la position précaire de l'Asie et de l'Océanie face à la crise climatique, ils ne sont pas forcément invités à participer aux discussions internationales sur le sujet. Les communautés insulaires du Pacifique se plaignent depuis longtemps d'être négligées, voire exclues des débats sur le climat, alors qu'elles sont parmi les plus touchées. De même, depuis le coup d'État de 2021 au Myanmar, aucun représentant birman n'a participé officiellement aux négociations internationales sur le climat, telles que les sommets annuels de la COP. Si la décision de l'ONU d'exclure les forces de la junte a été initialement saluée comme une victoire par les militants autochtones birmans et les partisans du gouvernement d'unité nationale (NUG), l’absence d'autres modalités de participation a exclu et laissé le pays dans l'impasse en ce qui concerne ses stratégies de lutte contre les changements climatiques. Pour l'heure, même si les températures se sont stabilisées, de nombreuses communautés d'Asie du Sud-Est subissent encore les effets de la vague de chaleur et s’attendent à en subir de nouveaux dans les années à venir. [END] --- [1] Url: https://fr.globalvoices.org/2024/06/11/287303/ Published and (C) by Global Voices Content appears here under this condition or license: https://globalvoices.org/about/global-voices-attribution-policy/. via Magical.Fish Gopher News Feeds: gopher://magical.fish/1/feeds/news/globalvoices/