(C) Global Voices This story was originally published by Global Voices and is unaltered. . . . . . . . . . . Trinité-et-Tobago : est-il possible d'utiliser le carbone bleu pour financer la conservation des mangroves ? [1] ['Cari-Bois News'] Date: 2024-06-27 Par Rahanna Juman Cet article a initialement été publié sur le réseau Cari-Bois Environmental News Network. Une version éditée figure ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu. Un système de crédits de carbone bleu est en cours d'expérimentation à Trinité-et-Tobago. Dirigé par l’Institute of Marine Affairs (IMA) du pays en collaboration avec la Banque interaméricaine de développement (BID), le projet vise à concevoir un système de crédit carbone bleu de haute qualité afin d'améliorer la cartographie numérique, le suivi, le rapportage et la vérification des services écosystémiques. Il espère également promouvoir la gestion et la propriété du capital naturel afin de créer des opportunités pratiques pour générer des revenus et améliorer les moyens de subsistance. Les écosystèmes marins (en particulier les marais intertidaux, les herbiers marins et les forêts de mangroves) absorbent et stockent le carbone dans la biomasse et les sols. Communément appelés écosystèmes à « carbone bleu » en raison de leur importance dans le cycle mondial du carbone, ces écosystèmes marins permettent d'atténuer les effets du changement climatique et fournissent une série d'autres services écosystémiques qui soutiennent les moyens de subsistance des populations côtières et l'adaptation au changement climatique. Des études ont montré que les mangroves absorbent et stockent le carbone à des taux plus élevés que d'autres écosystèmes. Ainsi, les forêts de mangroves comptent parmi les écosystèmes les plus riches en carbone des tropiques et parmi les réserves naturelles de carbone à long terme les plus efficaces. Compte tenu de leur taux de séquestration élevé, les experts considèrent que les mangroves jouent un rôle majeur dans la régulation du flux mondial de carbone. En moyenne, leur stock de carbone dans l'ensemble de l'écosystème est de 2,5 à 5 fois plus élevé que le stock de carbone moyen dans les forêts tempérées, boréales et tropicales des hautes terres. Écosystèmes à carbone bleu à Trinité-et-Tobago Les premières estimations montrent que les forêts de mangroves de Trinité-et-Tobago stockent au moins 1 118 630,99 tonnes de carbone. Si l'on compare le carbone des forêts de mangrove de Trinidad au carbone des forêts terrestres, on constate que les mangroves stockent 44 % de carbone en plus par hectare que les forêts terrestres (et à Tobago, les données montrent qu'elles stockent 61 % de carbone en plus par hectare). Malgré leur rôle essentiel, ces écosystèmes forestiers disparaissent de plus en plus en raison d'un développement malavisé d’activités telles que la pollution, le développement côtier, les activités extractives, l'aquaculture non durable, les pratiques agricoles et les phénomènes météorologiques violents. Entre 1990 et 2020, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé à 1,04 million d'hectares le déclin des mangroves. Rien qu'à Trinidad, les écosystèmes de mangrove sont passés de 7 345,54 hectares en 2007 à 6 941,68 en 2020. Investir dans le carbone bleu pour protéger les mangroves La disparition des mangroves entraîne directement une diminution du piégeage carbone. Par conséquent, la dégradation du stock carbone forestier induit une augmentation potentielle des émissions de carbone. La déforestation, la dégradation des forêts et les changements d'affectation des sols représentent la deuxième source anthropique d'émissions de carbone, soit environ 8 à 20 %. La disparition des mangroves est un facteur important de ces émissions, car les mangroves sont des écosystèmes riches en carbone. Au cours des dernières années, la conservation des mangroves a été encouragée avec une vigueur accrue dans les négociations mondiales sur le climat en raison de son potentiel d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Compte tenu de l'important potentiel de stockage du carbone bleu, le marché des crédits de carbone bleu connaît un essor croissant. Soutenu par l'article 6 de l'Accord de Paris, le marché des crédits carbone a été identifié comme un mécanisme clé pour créer une incitation économique à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de manière rentable, et il est reconnu que ces marchés du carbone peuvent combler le déficit des pays dans le financement des objectifs d'action climatique énumérés dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). Par exemple, la CDN de Trinité-et-Tobago (2018) comprend des dispositions visant à poursuivre le développement d'un système d'échange de droits d'émission de carbone réalisable, destiné à réduire les émissions dans le secteur industriel. En fait, 83 % des CDN ont l'intention d'utiliser ces mécanismes de financement du carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Le système de crédit carbone bleu de Trinité-et-Tobago Au niveau international, le marché du carbone est confronté à des problèmes tels que le double comptage des réductions d'émissions de GES et l'écoblanchiment. En tant que sous-ensemble du marché du carbone, le marché du carbone bleu est confronté à des défis similaires. Avec la demande croissante des entreprises, il est nécessaire de vérifier ces crédits et de s'assurer qu'ils sont de haute qualité, ce qui met l'accent sur les moyens de subsistance soutenus par ces écosystèmes. Parallèlement au désir d'obtenir des crédits de haute qualité, il est nécessaire de disposer d'un système de mesure, de déclaration et de vérification (MRV) solide pour garantir l'intégrité environnementale dans le cadre de ces mécanismes de marché. Cette initiative collaborative vise à simuler un système de crédits de carbone bleu de haute qualité pour Trinité-et-Tobago qui invite la participation d'entités du secteur public, de communautés, d'organisations non gouvernementales, d'organisations communautaires et d'investisseurs du secteur privé local et international. Le développement d'un système numérique MRV est une priorité, avec des plateformes mises à disposition pour enregistrer les crédits carbones générés par les projets de réhabilitation et faciliter les événements de partage des connaissances sur le carbone bleu dans les deux îles. L'IMA a également mené des recherches pour évaluer la capture et le stockage du carbone dans les mangroves, la biomasse des herbiers marins et les sols. Elle cherche en particulier à déterminer si ces écosystèmes peuvent servir à compenser les émissions de dioxyde de carbone provenant de l'industrie, ce qui pourrait permettre d'envisager la mise en place d'un programme de crédits de carbone bleu de haute qualité. En cas de succès, le développement d'un tel programme pourrait aider Trinité-et-Tobago à atteindre ses objectifs en matière de CDN, à développer son économie bleue et à conserver ses écosystèmes de carbone bleu. [END] --- [1] Url: https://fr.globalvoices.org/2024/06/27/288250/ Published and (C) by Global Voices Content appears here under this condition or license: https://globalvoices.org/about/global-voices-attribution-policy/. via Magical.Fish Gopher News Feeds: gopher://magical.fish/1/feeds/news/globalvoices/